Nathalie LAENG
– Psychologue (Strasbourg)
Résumé
Les troubles mnésiques liés à la maladie d’Alzheimer s’inscrivent dans le fonctionnement global de la psyché, conscient et inconscient. En effet, la perte progressive des capacités cognitives ne signifie en rien l’absence totale de vie psychique. L’introduction de la musique et en particulier du chant dans la relation thérapeutique nous éclaire sur le fonctionnement psychique du sujet dément.
Tandis que le discours manifeste s’efface, la musicalité du langage verbal conserve toute sa cohérence. Cette observation est à l’origine d’une recherche sur le vécu des personnes âgées atteintes de maladie d’Alzheimer en situation d’écoute musicale groupale. Les extraits musicaux proposés correspondent à des chansons populaires françaises, alsaciennes et allemandes. Ces musiques anciennes éveillent une mémoire musicale qui semble résister plus longtemps à la déconstruction démentielle que la mémoire cognitive. Elles suscitent des associations musicales et verbales, retours de fragments d’une vie. Les souvenirs qui subsistent sont fortement chargés d’affect et témoignent de la force du désir inconscient qui cherche sans cesse à faire revenir les objets privilégiés du passé. La mise en fonction de la mémoire musicale peut s’opérer dans le sens de la restitution mais aussi dans le sens de l’acquisition.
Au terme de cette recherche, force est de constater que derrière l’indifférence apparente du sujet dément, se cache les signes d’une subjectivité préservée et les possibilités d’échanges. Des perspectives thérapeutiques se sont ainsi dégagées.
